Alors que Michèle Alliot-Marie, ministre de l'Intérieur et de l'Outre-Mer, a annoncé jeudi des obsèques nationales pour Aimé Césaire, décédé dans la matinée à l'hôpital de Fort-de-France à l'âge de 94 ans, le secrétaire d'Etat à l'Outre-Mer Yves Jégo a quitté jeudi Paris pour la Martinique. Il est parti saluer au nom du gouvernement la dépouille mortelle du poète et homme politique à Fort-de-France, où trois jours d'hommage sont prévus avant un grand rassemblement dimanche au stade de Dillon. En outre, un registre de condoléances a été ouvert pour Aimé Césaire. Il est disponible depuis ce jeudi soir au secrétariat d'Etat à l'Outre-mer dans le 7e arrondissement à Paris. Un registre de condoléances virtuel est aussi accessible depuis le site du ministère (outre-mer.gouv.fr).
Après une veillée familiale jeudi soir au domicile d'Aimé Césaire, le cortège transportant sa dépouille mortelle circulera vendredi après-midi à travers la ville de Fort-de-France pour un premier hommage populaire, puis une grande veillée populaire est prévue jusque dimanche 11h, avant les cérémonies en présence des personnalités dont Nicolas Sarkozy, et l'enterrement dans l'après-midi. A la demande de la famille, il n'y aura pas de cérémonie religieuse. L'émisssion dans laquelle le président devait intervenir en direct lundi soir sur TF1 et France 2 a même été décalée à jeudi pour l'occasion (lire notre article). Ségolène Royal se rendra, elle aussi, aux funérailles ainsi qu'aux veillées funéraires de celui qu'elle avait rencontré en janvier 2007, lors de la campagne électorale, à Fort-de-France.
Aimé Césaire au Panthéon ?
Dans la multitude d'hommages rendus par les politiques dès l'annonce de la mort du chantre de la négritude, l'ex-candidate socialiste a d'ailleurs demandé son entrée au Panthéon, saluant "un éveilleur de conscience, un éclaireur de notre temps, un démineur d'hypocrisies, un porteur d'espoir pour tous les humiliés, un combattant inlassable de l'humaine dignité". Lors de sa venue en janvier 2007 à Fort-de France, Aimé Césaire s'était réjoui "d'avoir une petite Martiniquaise" de retour sur l'île où "elle a passé trois ans de sa vie dans son enfance". Le député-maire de Drancy, Jean-Christophe Lagarde (Nouveau Centre), l'historien Claude Ribbe et le député Victorin Lurel, président PS de la Région Guadeloupe, ont eux aussi fait cette demande d'entrée au Panthéon d'Aimé Césaire, si sa famille et le peuple de la Martinique sont d'accord.
Une demande à laquelle la ministre de la Culture est réceptive. Interrogée sur RTL, Christine Albanel s'est déclarée "favorable" à une éventuelle entrée au Panthéon d'Aimé Césaire. "C'est une très belle idée", a-t-elle commenté. "Je ne sais pas si lui-même l'aurait souhaité, certains grands personnages sont tellement attachés à leur terre qu'ils souhaitent y rester, mais Aimé Césaire en aurait tous les titres", a-t-elle réaffirmé.
Une salle Aimé Césaire à Louis Le Grand
Le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, a fait savoir que les députés observeraient une minute de silence au début de leur prochaine séance solennelle, le mardi 29 avril, et qu'un "hommage particulier" serait rendu à leur ancien collègue.
Bertrand Delanoë, maire PS de Paris, a de son côté indiqué qu'il allait proposer à son conseil municipal de donner à un lieu de la capitale le nom du grand poète martiniquais, "figure emblématique de la Martinique et de tout l'Outre-Mer, progressiste passionné, combattant de la fraternité universelle, éveilleur des âmes et des consciences".
Déjà le délégué interministériel pour l'égalité des chances des Français de l'Outremer, Patrick Karam, a annoncé que le nom d'Aimé Césaire sera donné à une salle du Lycée Louis Le Grand à Paris, où le poète avait fait ses études. Il s'agira de la salle d'études où Aimé Césaire avait coutume de travailler avec ses camarades de l'époque, notamment Léopold Sedar Senghor ou encore Georges Pompidou.